Réflexion sur la règle de St.Benoît
Commentaire de la Règle de Saint Benoît par Dom Paul Delatte Abbé de Solesmes (1890-1937)

Un commentaire devenu classique, à la fois littéral et doctrinal, d'une grande richesse spirituelle écrit par Dom Paul Delatte Abbé de Solesmes de 1890 à 1937. Son écrit, à la fois d'une grande érudition et marqué par marqué par une bonté profonde, est semble-t-il encore lu de nos jours au noviciat du monastère.
"Ausculta, o filii, praecepta magistri et inclina aurem cordis tui et admonitionem pii patris libenter excipe et efficaciter comple ; " - Ecoute, mon fils, les préceptes du maître et tends l'oreille de ton coeur. Reçois volontiers l'exhortation d'un père si bon et mets-la en pratique (RB - PROLOGUE).
Ainsi commence la Règle de Saint Benoît, emprunte de sagesse, d'autorité et de douceur. Curieusement ou non, le commentaire écrit par Dom Delatte dépeindra toujours au fil des pages ces trois traits du Patriarche des moines avec tantôt une intelligence lumineuse, tantôt un tempérament vigoureux, tantôt l'immense charité du représentant du Christ au milieu de ses frères. Et Dom Delatte de citer abondamment Saint Grégoire le Grand en disant que ce bon Père ne pouvait faire autre chose que vivre ce qu'il enseignait. Comment en douter lorsque l'on approche ces pages surnaturelles et qu'on navigue au travers de la lumière apportée par le théologien ?
La vie monastique bénédictine trouve ici une explication presque dogmatique et inspirée de ce qui fut au 6ème siècle son fondement littéral. Un commentaire riche. A lire plusieurs fois. A lire tous les jours, duquel l'on peut tirer tous les jours une aide précieuse, une ligne de vie saine, selon Saint Benoît une règle de vie pour ceux qui marchent vite comme ceux qui marchent lentement vers la cité céleste. Une aide précieuse.
Pourquoi le "silence" ?

Le premier mot de la Règle de Saint Benoît c'est : Écoute. Le moine est celui qui écoute et celui qu'il écoute c'est Dieu. Dieu en effet parle à tous les hommes, sans se lasser. Il s'adresse à chacun dans son cœur, c'est la voix de la conscience, ou encore par la beauté de sa création. Qui n'a jamais admiré un coucher de soleil en été ou, dans le calme de la nuit, un ciel étoilé ? « Les cieux racontent la gloire de Dieu » (Psaume 18) Pour le croyant, Dieu parle aussi par les Écritures, sa Parole révélée dans la Bible et incarnée dans Jésus-Christ, et par la voix de l'Église, la mère qui nous a engendrés par le baptême.
Mais il y faut une condition : le silence, car Dieu se manifeste à nous « dans le frémissement d'une brise légère » (1R 19, 12) et il ne faut pas nous étonner que notre civilisation ennemie de Dieu soit également ennemie du silence. Celui qui choisit de se faire moine, c'est celui qui, un jour, a prêté l'oreille à la voix de Dieu et l'a entendu lui adresser, dans l'intime de son cœur, un appel spécial à se consacrer à Lui seul.
Cependant, s'il est vrai que Dieu nous parle il est également certain que bien des obstacles nous empêchent de l'écouter et d'abord notre nature humaine affaiblie par le péché. Il y a aussi le monde et le Prince de ce monde qui par tous les moyens cherchent à nous détourner des réalités invisibles. Ils nous sollicitent sans cesse par des images, des sons, des situations, des personnes afin de nous attacher aux biens de la terre, aux plaisirs aveugles... sans plus penser à la vie future. C'est pourquoi le moine renonce au monde et s'installe au monastère où dans la pauvreté, le silence, la prière il apprend à n'user des choses qu'en vue de Dieu, afin de devenir toujours plus libre. Il s'ouvre à Dieu pour recevoir de Lui la guérison de ses blessures, cesser d'être aveugle et sourd et courir désormais, le cœur dilaté dit St Benoît, sur la voie des commandements de Dieu et des conseils évangéliques.
Diverses représentations de Saint Benoît

